En France, 60,5 % du chiffre d’affaires des produits alimentaires est réalisé dans les grandes surfaces loin devant les magasins spécialisés ou les commerces de proximité (source : Insee). Ce chiffre témoigne de l’importance de ces enseignes dans notre quotidien : elles déterminent en grande partie ce que nous consommons et comment nous consommons. Par leur taille et leur influence, les supermarchés sont donc des acteurs incontournables pour initier une transformation vers une consommation plus responsable.
Face à cette responsabilité, les attentes des consommateurs sont élevées : 73 % des Français trouvent la situation environnementale préoccupante, mais 60 % estiment que consommer de manière responsable reste « difficile » (Observatoire de la consommation responsable). En réponse, de nombreuses enseignes commencent à revoir leur modèle pour mieux accompagner ces aspirations, en proposant des initiatives variées telles que la promotion de produits bio et locaux, la réduction des emballages ou la lutte contre le gaspillage alimentaire.
Dans cet article, nous verrons comment les distributeurs peuvent promouvoir une consommation plus responsable en utilisant l’exemple de Carrefour.
Rendre les options écologiques accessibles au plus grand nombre
Les actions mises en place par les grandes surfaces ont un impact bien plus large que celles des magasins biologiques spécialisés. Ces derniers s’adressent principalement à une niche de consommateurs déjà sensibilisés, tandis que les supermarchés touchent une audience beaucoup plus vaste, pour laquelle le prix reste le principal critère de choix. Cela leur confère un levier unique pour démocratiser des comportements plus responsables, même auprès de consommateurs moins engagés sur le plan écologique, en rendant les produits durables plus accessibles et compétitifs sur le plan tarifaire. Les marques de distributeurs se révèlent être pour cela une arme redoutable.
Les MDD : l’arme ultime des distributeurs
Face à l’inflation et à la baisse du pouvoir d’achat, les consommateurs sont de plus en plus nombreux à délaisser les grandes marques nationales pour se tourner vers les marques de distributeurs (MDD). Ces produits, souvent proposés à des prix plus abordables, se sont imposés comme une alternative stratégique pour les foyers français. Conscients de cette opportunité, les distributeurs ont investi de manière significative pour améliorer à la fois la qualité et l’image de leurs MDD, en particulier chez Carrefour, où elles constituent une priorité stratégique.
En effet, dès 2018 le groupe a lancé son programme Act for Food pour devenir le leader de la transition alimentaire pour tous. Le slogan “On a tous le droit au meilleur, au meilleur prix” traduit bien la volonté de l’enseigne d’offrir des produits à la fois plus sains, plus respectueux de l’environnement tout en restant accessibles financièrement.
Les efforts de la marque se traduisent par des produits garantissant une meilleure qualité nutritionnelle, rendue visible grâce à l’affichage du Nutri-Score. Les recettes des produits Carrefour sont améliorées (diminution de la quantité de sel, de sucre, suppression de plus de 100 substances controversées…) et les packagings sont retravaillés pour augmenter la qualité perçue des produits Carrefour.
Déjà leader sur le bio, Carrefour a pour ambition de proposer aux consommateurs la marque bio la moins chère du marché à l’horizon 2026 et de devenir leader sur le végétal avec sa MDD dédiée.
Parallèlement, l’enseigne a lancé la Filière Qualité Carrefour pour promouvoir des filières locales et soutenir les producteurs français. Cette initiative s’appuie sur des partenariats directs avec des agriculteurs et éleveurs engagés dans une production durable de fruits et légumes, fromages, viandes, poissons… Par ailleurs, l’enseigne a décidé d’arrêter la vente de fruits et légumes d’origine étrangère quand une solution française est disponible. Carrefour garantit ainsi des produits qui respectent des normes élevées, tant en matière de qualité que de traçabilité, de bien-être animal ou encore de réduction de l’impact environnemental.
Grâce à ces initiatives, le groupe offre à tous les ménages (ou presque) la possibilité de s’engager dans une démarche de consommation responsable.
Pourquoi ne pas aller encore plus loin et supprimer les produits non respectueux de la planète ?
Certes, depuis plusieurs années, les distributeurs adaptent leur offre pour inclure des alternatives plus écoresponsables dans l’ensemble de leurs rayons. Les produits bio, sans additifs, vegan, ou issus du commerce équitable sont mis en avant, offrant ainsi aux consommateurs des options plus durables. Mais pourquoi ne pas simplement retirer de leurs rayons les produits les plus polluants, souvent vendus à bas prix, qui nuisent à la planète ?
En effet, les consommateurs, malgré leur souhait d’adopter un mode de consommation responsable, se retrouvent parfois en décalage avec leurs intentions, influencés par le prix ou la commodité.
Face à ce paradoxe, on pourrait envisager que les supermarchés ne proposent que des produits éco-responsables, créant ainsi un parcours d’achat où la seule option est celle qui respecte l’environnement. En rendant les produits polluants inaccessibles, les enseignes pourraient influencer les comportements de consommation de manière plus profonde, incitant chacun à adopter un mode de vie durable sans effort supplémentaire, tout en jouant un rôle décisif dans la protection de la planète.
Le groupe Carrefour a fait un premier pas dans cette direction en demandant à ses 100 principaux fournisseurs d’adopter une trajectoire visant à limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C d’ici à 2026. Les fournisseurs qui ne s’engagent pas dans cette voie seront retirés des rayons de Carrefour. Actuellement, plus de 47 % d’entre eux ont déjà commencé à mettre en œuvre cette stratégie.
Après avoir repensé leur offre pour proposer des produits plus respectueux de l’environnement et accessibles au plus grand nombre, les enseignes ont également un rôle à jouer dans la réduction des emballages.
Limiter les emballages et tendre vers le zéro déchet
Pollution, surconsommation des ressources, accumulation de déchets dans des décharges… la réduction des emballages est un levier clé que les entreprises ont à disposition pour limiter leur empreinte écologique.
Pour répondre à cette problématique, Carrefour a mis en place plusieurs actions :
- Projet “Apporte ton contenant” qui invite les consommateurs à venir aux rayons boucherie, traiteur, poissonnerie… avec leur propre récipient pour réduire l’utilisation d’emballages jetables.
- Encourager la consommation en vrac : Carrefour teste actuellement dans l’un de ses hypermarchés des solutions pour lever les freins traditionnels liés au vrac. Quatre-vingt-dix références de grandes marques comme Panzani, Vahiné ou Tipiak sont proposées directement dans leurs rayons d’origine, plutôt que dans un espace vrac dédié. De plus, l’argument économique est mis en avant avec un prix au kilo en vrac inférieur à celui des produits emballés. Enfin, un QR code informe les clients sur l’origine des produits, fournit des conseils de préparation, et affiche le Nutri-Score. Découvrez ce magasin pilote sur le blog d’Olivier Dauvers.
- Vente de sacs en coton biologiques lavables et réutilisables pour remplacer les sacs jetables utilisés jusqu’à présent au rayon fruits et légumes.
- Développement de la consigne en partenariat avec Loop.
L’objectif à l’horizon 2025 est de supprimer 20 000 tonnes d’emballages sur ses références et que 100% des emballages des marques Carrefour soient recyclables, réutilisables ou compostables.
Réduire le gaspillage alimentaire
Enfin, les enseignes de grande distribution, longtemps pointées du doigt pour le volume important de produits jetés à cause de leur date de péremption, ont récemment intensifié leurs efforts pour lutter contre le gaspillage alimentaire.
Carrefour a mis en place plusieurs actions qui ont permis de réduire d’un tiers le gaspillage alimentaire par rapport à 2016 avec un objectif de réduction de 50% d’ici à 2025.
- Allongement des dates limites de consommation de plus de 400 références et suppression de la date de durabilité minimale pour 100 références.
- Distribution exclusive dans les magasins Carrefour de produits de la marque Nous anti Gaspi. La marque commercialise des produits frais qui ne respectent pas les normes traditionnelles de la grande distribution (problèmes de calibre, défauts visuels…) jusqu’à 20% moins chers.
- Partenariat avec Too Good to Go afin de proposer des paniers d’invendus à petit prix. Depuis le début du partenariat en 2018, 10 000 tonnes de nourriture ont ainsi évité d’être jetées en France.
- Redistribution des invendus à des associations d’aide alimentaire comme les Resto du Coeur ou les Banques Alimentaires. En 2023, c’est l’équivalent de 48 millions de repas qui ont été distribués.
- Valorisation en biodéchets : les produits périmés ou abîmés sont transformés en biométhane, utilisé dans les camions du groupe pour le transport de marchandises.
En conclusion, les enseignes de grande distribution jouent un rôle essentiel dans la transition vers une consommation responsable. En rendant les produits éco-friendly accessibles au plus grand nombre, en facilitant l’adoption de pratiques zéro déchet, et en réduisant les emballages et le gaspillage alimentaire, elles permettent aux consommateurs de s’orienter plus facilement vers des choix durables. Toutefois, cette transformation ne repose pas seulement sur les actions des supermarchés : elle implique également les fournisseurs, les décideurs politiques et les consommateurs eux-mêmes, qui doivent chacun assumer leur part de responsabilité pour réussir cette transition.
Super Camille !