Chaque été en France, début des vacances rime avec Tour de France.
La grande boucle qui célèbre l’endurance, le courage et l’esprit d’équipe est l’un des événements sportifs les plus prestigieux et rassembleurs au monde.
Au programme : les plus grands cyclistes internationaux acclamés par des foules de millions de spectateurs traversant les plus beaux paysages de France, des sommets alpins aux champs de lavande en passant par les charmants villages français.
Le Tour, c’est bien plus qu’une simple course. C’est une véritable fête populaire qui rassemble petits et grands et qui fait rayonner la France à travers le monde.
Patrimoine, sport, culture, esprit d’équipe, dépassement de soi… Le marketing du Tour de France consiste à faire de cette compétition une véritable vitrine du pays, à l’image bienveillante et écoresponsable.
En effet, rien de plus écologique que le vélo : ce moyen de transport a un bilan carbone proche de 0. Ainsi, le Tour serait-il vertueux en tous points ?
« Je n’arrive pas à faire l’économie d’une forme de culpabilité »
Guillaume Martin, AFP
Le visage du Tour de France pourrait en réalité s’avérer beaucoup moins reluisant. Dopage, pollution, coût pour les collectivités, inégalités… Tels pourraient bien être les maîtres mots de l’événement.
Comment le Tour de France populaire est-il devenu le Tour de France de la honte ?
Depuis plusieurs années, nombreuses sont les polémiques qui dénoncent l’empreinte carbone considérable du Tour.
Le cycliste français Guillaume Martin a confié à l’AFP : « Personnellement, je n’arrive pas à faire l’économie d’une forme de culpabilité » au sujet de l’impact écologique de l’événement.
En 2021, 261 000 tonnes de CO2 ont été générées, soit presque deux fois plus que Roland Garros (155 000 tonnes en 2018).
Un afflux massif de spectateurs au lourd impact écologique
Chaque année, près de 10 millions de spectateurs, français ou étrangers, viennent encourager les coureurs le long des routes. Entre déplacements pour suivre les étapes et déchets non collectés, le public est responsable de près de 94% des émissions de CO2 engendrées par l’événement.
La caravane publicitaire, symbole de l’aberration de notre société de consommation
La grande fête populaire qu’est la caravane serait-elle en réalité un véritable cauchemar environnemental ?
Chaque saison, 18 millions de produits sont lancés à la volée par une trentaine de marque partenaires, parmi lesquelles on retrouve FDJ, Haribo, Cochonou, TotalEnergies ou encore TikTok.
Bien que très convoités par les spectateurs, ces goodies contribuent à la production de nombreuses tonnes de déchets le long des routes.
Une logistique polluante
Autre point noir de la grande boucle : les centaines de véhicules qui accompagnent les coureurs, des équipes techniques aux sponsors en passant par les véhicules de la Direction.
Bien que les organisateurs ventent les efforts écologiques, moins d’un tiers de la flotte est équipée de véhicules hybrides ou électriques en 2022.
Les hélicoptères ne font qu’aggraver ce sombre bilan carbone.
Au nombre de quatre, ils transportent les invités, les partenaires et les journalistes et volent en continu au-dessus du peloton.
Là où de simples drones pourraient être utilisés pour filmer la course, l’usage des hélicoptères semble difficile à justifier.
Enfin, les routes paient, elles aussi, un lourd tribut à l’événement. Pour garantir le bon déroulement de la course, des portions sont réaménagées avant le passage des coureurs, nécessitant des travaux parfois invasifs pour l’environnement. Une pratique qui souligne le paradoxe d’un événement censé mettre en valeur la nature, mais qui contribue à sa dégradation.
Des équipes en perpétuel mouvement
Les véhicules officiels viennent s’ajouter à la longue liste des moyens de transport utilisés par les équipes de coureurs et leurs staffs qui doivent se déplacer entre chaque étape en bus, en voiture ou même en avion.
Si on ajoute cette mobilité à celle du public, le résultat écologique s’avère catastrophique.
Au-delà de la course elle-même, c’est tout un modèle qui doit donc être repensé. Les médias, les déplacements et le marketing des marques ne peuvent plus se cacher derrière la seule volonté du Tour de se décarboner.
Si ces dernières années, des efforts ont été faits en matière de gestion des déchets, d’énergie des véhicules ou de sensibilisation, l’événement reste profondément ancré dans un modèle polluant, incompatible avec les défis environnementaux émergents.
Si le Tour de France espère vivre aussi longtemps que le nombre d’éditions déjà passées, il sera vital pour lui de se réinventer.