Tout commença par une visite incongrue…
Par une belle après-midi de septembre, Léa et Alex étaient toutes les deux assises sur l’herbe en train de manger leur Whooper veggie au jardin japonais de Toulouse. Les deux étudiantes se félicitaient du choix de leur emplacement, elles avaient repéré un petit coin tranquille et en profiter pour discuter de tout et de rien.
Tout à coup, elles entendirent comme un coup de tonnerre. Elles se regardèrent alors surprises, se demandant d’où pouvait bien provenir ce bruit avec un ciel aussi bleu et dégagé. Soudain, le buisson à leur droite commença à bouger, elles pensèrent alors à un rongeur. Puis, elles prirent conscience qu’il devait s’agir de quelque chose de plus gros… Une jeune femme qui semblait avoir leur âge apparut alors. Elle portait une drôle de combinaison. Elle avait l’air un peu secoué et désorienté, elle manqua tomber. Léa et Alex se levèrent pour l’aider en lui demandant si tout allait bien.
Elle leur dit alors : « En quelle année sommes-nous ? »
Léa et Alex se regardèrent interloquées, puis Léa lui répondit :
« Nous sommes en 2025. »
L’étrangère les fixa avec de grands yeux puis un sourire se dessina sur son visage et elle commença à sauter de joie en criant :
« J’ai réussi, j’ai réussi !! »
« Réussi quoi ? » demande Alex, de plus en plus perplexe.
« J’ai voyagé dans le temps, je m’appelle Noah et je viens de 2050 ! »
« Mais enfin c’est impossible » déclara Léa.
« Prouve-le » lança Alex en même temps, un air de défi dans le regard.
« Je veux bien mais d’abord je meurs de faim, vous n’auriez pas quelque chose à manger ? »
« Oui tiens, tu peux prendre ça si tu veux, je n’y ai pas encore touché ». Léa lui tendit alors son wrap veggie provenant de Burger King. Mais, Noah commença à secouer la tête et ajouta :
« Non merci, je fais vraiment attention à ce que je mange et surtout aux marques que je consomme. Il faut que la marque soit éthique c’est-à-dire qu’elle ait une chaîne de valeur durable et responsable, comme McDo par exemple. Je voudrais bien un Big Mac en fait. »
Face à cette tirade, les deux amies étaient encore plus dubitatives…
« Mais enfin, McDo n’est pas une marque éthique et durable, en plus ils n’ont que peu voire aucune version veggie à leur menu. »
McDonald’s passe au vert en 2050 (pour de vrai)
« Ah justement alors, je vais pouvoir vous prouver que je viens du futur ! En 2050 McDonald’s est devenue une marque qui a pris complètement en compte l’écologie dans l’ensemble de sa chaîne de valeur. Mais, c’est vrai qu’à votre époque, ce n’était pas encore le cas. En fait, si je me rappelle bien, en 2021, d’après l’Ifop, près de 24% des Français se déclaraient flexitariens, en 2037 ce chiffre a explosé pour passer à 50%. Cette tendance a été portée justement par la génération Z (la vôtre) et celle Alpha, puisque vos générations étaient très exigeantes quant à la provenance des aliments, à la réduction de leur empreinte carbone et vous aviez cette volonté de diminuer drastiquement votre consommation de viande. »
Le scandale qui a tout changé : le « Koala Burger »
« Oui c’est vrai et c’est pour ça qu’on ne mange pas du McDo, lança Alex. Je ne vois pas comment McDonald’s pourrait être éthique dans la mesure où rien que l’année dernière encore ils se sont fait épingler par Greenpeace Australie Pacific. Ils ont entrainé l’éradication de 130 000 hectares d’habitats de koalas à cause de leur production de viande bovine. Je me rappelle encore leur communication représentant un burger fictif intitulé le « Koala Burger », dans lequel on retrouvait tous les ingrédients basiques d’un hamburger, si ce n’est la tête de koala à la place de l’habituel steak… »

« Eh bien justement face à ce scandale, le géant de la restauration rapide a mis en place une chaîne d’approvisionnement sans déforestation. En 2025, McDonald’s proposait quelques options végétariennes comme un burger, un wrap ainsi que des nuggets à base de « faux poulet ». A la place de la viande blanche, on retrouvait des œufs et des algues. Mais face aux attentes croissantes des consommateurs en quête d’alternatives plus durables tout en étant savoureuses, la chaîne de restauration rapide a commencé à faire des versions veggies de ses burgers iconiques comme le Big Mac, le Big tasty ou encore le Double Cheese. Ils ont remplacé la viande par une option végétale qui a à la fois son goût, sa texture et son odeur… »
« Ah oui et ils ont remplacé par quoi ? » demanda Léa intéressée.
Des mycoprotéines au menu : le parfait compromis entre goût et écologie
Noah pris son temps avant de répondre pour faire durer le suspense : « McDonald’s s’est tournée vers des steaks à base de champignons (mycoprotéines). Ces protéines issues de champignons microscopiques ont offert une alternative très intéressante aux protéines animales traditionnelles. En effet, elles imitent parfaitement la texture filandreuse du bœuf. Elles sont également riches en fibres et pauvres en graisses saturées et sans cholestérol. De plus, leur plus grand avantage réside dans le fait que leur empreinte carbone est bien plus faible que celle de la viande. Une étude, publiée dans Nature en 2022 si je me souviens bien, révélait que la production de mycoprotéines émettait environ dix fois moins de gaz à effet de serre que celle de la viande de bœuf. Aussi, la culture des champignons consomme très peu d’eau, de terres agricoles et d’énergie comparée aux autres protéines végétales. D’ailleurs, ces champignons sont cultivés en fermentation contrôlée dans des bioréacteurs. Il s’agit de dispositifs qui permettent la multiplication des micro-organismes comme des champignons justement. Ce qui permet de produire en grande quantité avec très peu de ressources. »

« Eh bien, des champignons, ah oui je n’y aurais jamais pensé » avoua Alex.
« Et pourtant vous allez voir que dans quelques années, vous aurez l’impression de manger un vrai steak. Aussi, le géant américain ne s’est pas arrêté là et a décidé de s’engager dans l’agriculture locale. En 2050, plus de 90 % de ses matières premières proviennent de l’agriculture locale et durable (contre 75% en 2025), grâce à un réseau de producteurs partenaires qui cultivent désormais les champignons et les légumineuses nécessaires à la production des steaks végétaux. Cette stratégie a permis de réduire drastiquement l’empreinte carbone liée au transport, tout en assurant une production adaptée aux besoins locaux. »
« Donc ils ne proposent plus de burgers à base de viande de bœuf ? » demanda Alex.
« Oui ça m’étonnerait que tout le monde ait renoncé à la viande classique en 2050 » ajouta Léa, l’air sceptique.
Faut-il supprimer complétement la viande des burgers du futur ?
« Justement pour répondre à la demande des consommateurs qui souhaitent continuer à savourer leur Big Mac avec le traditionnel steak haché, tout en limitant leur empreinte carbone, McDonald’s s’est inspiré de son concurrent Burger King. Le célèbre fast-food a ainsi opté pour du bœuf provenant de vaches nourries avec de la citronnelle, un aliment qui aide à réduire les émissions de gaz à effet de serre. »
« Ce que je retiens c’est qu’ils ont finalement copié Burger King » déclara Alex.
« Je préfère le terme « inspiré » mais ils sont allés encore plus loin, contra Noah. Afin de garantir un approvisionnement durable, McDonald’s a tissé des partenariats avec des éleveurs et des fermes certifiées par des labels internationaux comme Rainforest Alliance, qui vise justement à garantir la protection des forêts. A noter que chaque filiale s’est rapprochée de fermes locales afin de privilégier des circuits courts et ainsi limiter l’impact carbone lié au transport. »

« Et pour les autres ingrédients qu’on retrouve dans les burgers, ils s’approvisionnent comment ? » questionna Léa.
Des fermes verticales pour une agriculture locale et une traçabilité immédiate
Noah, s’attendant à cette question, sourit puis expliqua : « McDonald’s a implanté des fermes verticales pour produire les salades, tomates, oignons, cornichons… nécessaires aux burgers. En d’autres termes, ils cultivent les légumes en couches superposées verticalement, permettant ainsi de maximiser l’utilisation de l’espace. Ces fermes sont à proximité de ses restaurants afin de privilégier des circuits courts. »

« Effectivement, ils ont vraiment pensé à revoir l’ensemble de leur chaîne d’approvisionnement » s’étonna Alex.
« Et au niveau de la traçabilité des ingrédients, ils ont fait des changements ? demanda Léa. Car actuellement il leur faut au moins 8 heures pour déterminer dans quel champs le blé ayant servi à fabriquer un Big Mac a été récolté. Ce qui est tout de même très long. »
« Oui totalement, ils ont repensé leur système de traçabilité notamment à travers le label IFS Food. Cette certification permet de garantir à la fois la traçabilité, la qualité ainsi que la sécurité des produits. »
« Et concrètement comment cela s’est traduit ? » interrogea Léa.
« En fait, il y a maintenant (enfin en 2050) un QR code sur chaque produit. Les clients peuvent désormais suivre l’origine de chaque ingrédient, du champignon cultivé en bioréacteur aux tomates issues des fermes verticales. »
« D’accord, ils sont donc vraiment beaucoup plus transparents qu’aujourd’hui. Et pour les déchets, est-ce qu’ils ont pu revoir leur politique ? » renchérit Alex.
Le problème de la réduction des déchets pour un fast-food
« Cela m’étonnerait un peu car leur modèle repose tout de même sur l’usage unique et la commodité, poursuivit Léa. En plus, j’ai vu dernièrement que McDonald’s était l’un des plus grands producteurs de déchets au monde. Il génère 3 tonnes de déchets d’emballages toutes les minutes, représentant plus de 2 millions de tonnes de déchets par an. »
« Aussi, en 2020, la loi anti-gaspi est passée avec pour ambition de mettre fin aux couverts à usage unique, ajouta Alex. Cependant, en 2023 d’après un rapport parlementaire, seulement 0,3% des emballages ont été réutilisés, on était bien loin de l’objectif de 5% fixé par la loi. Et pour cause, lorsque McDonald’s a commencé à se mettre au diapason, il a constaté que ses concurrents ne le faisaient pas et qu’aucune sanction ne leur a été donnée. En plus de ce constat, la vaisselle réutilisable entrainait de sérieux coûts au niveau logistique, opérationnel et financier. C’est pourquoi, le géant américain a progressivement abandonné sa transition vers des emballages réutilisables. Alors que justement je pense qu’il aurait dû montrer l’exemple, avec ou sans loi d’ailleurs s’il se souciait vraiment de l’écologie. »

Le retour des emballages réutilisables
« Effectivement les équipes RSE de McDonald’s se sont rendues compte qu’elles avaient pris une mauvaise décision et qu’elles auraient dû persévérer, concéda Noah. Ainsi, en 2035 McDonald’s a décidé de redonner une chance aux emballages réutilisables en s’alliant à des start-ups spécialisées dans l’économie circulaire et la logistique des contenants consignés. En prenant en compte les erreurs du passé, l’entreprise a repensé l’ensemble de sa chaîne logistique en intégrant des centres de lavage automatisés, stratégiquement situés près de ses principaux marchés. Ces infrastructures permettent de nettoyer et redistribuer rapidement les contenants, réduisant ainsi les coûts de transport et les délais de mise à disposition des emballages. De cette façon, ils ont pu réduire drastiquement leur production de déchets, expliqua Noah. Aussi, les matériaux utilisés pour ces emballages ont été repensés pour allier durabilité et résistance. Les couverts et gobelets sont désormais fabriqués en acier inoxydable recyclé, un matériau robuste et entièrement recyclable en fin de vie. Quant aux contenants alimentaires, McDonald’s a opté pour des fibres de bambou, légères, résistantes aux graisses et cultivées de manière durable. »
« Et comment font-ils pour la livraison à emporter ? » questionna Alex.
La livraison à emporter zéro déchet

« Ils ont mis en place un système de consigne. En fait, les clients paient une petite somme lorsqu’ils commandent un repas, puis sont remboursés dès qu’ils retournent leurs emballages réutilisables dans un des restaurants McDo. »
« Oui j’imagine que mettre en place un système de points, cela n’aurait pas été suffisamment incitatif alors que prélever une petite somme d’argent, on a forcément envie de la récupérer » approuva Alex.
« C’est vraiment bien tout ce qu’ils ont fait, je ne pensais pas qu’ils prendraient un jour un tel virage mais qu’en est-il de leur expansion ? Puisqu’elle pose des problèmes dans certaines régions, comme en Gironde par exemple où l’implantation d’un nouvel McDo a entraîné des tensions au sein des communautés locales » dit Léa.
Freiner la mondialisation : McDonald’s choisit une expansion réfléchie
« C’est vrai, certains y voient un impact négatif sur l’économie locale, en raison des risques pour les petits commerces indépendants et le fait que cela entraîne une uniformisation du paysage urbain » ajouta Alex.
« Justement McDonald’s a décidé de privilégier des quartiers en développement et des villes de taille intermédiaire. De cette façon, les franchises s’implantent dans des endroits où elles peuvent dynamiser l’économie et surtout collaborer avec les producteurs locaux dans leur chaîne d’approvisionnement. Aussi, en 2023 McDonald’s comptait 1 560 restaurants en France, avec une augmentation de 24 établissements par rapport à 2022. Pour limiter son expansion, l’entreprise a décidé de réduire de moitié son taux d’ouverture annuel. Cette réduction a également permis à l’enseigne de financer la mise en œuvre de ses différentes initiatives durables » justifia Noah.
« Eh bien, j’imagine qu’effectivement c’est bien qu’en 2050 qu’on pourra voir une telle transformation vers la durabilité chez McDonald’s », murmura Léa, songeuse.
En résumé
« Et pourtant, c’est bien la réalité de mon époque, affirma Noah avec un sourire. En 2050, McDonald’s est devenu un véritable modèle de transformation écologique. La chaîne a radicalement modifié ses pratiques, en remplaçant la viande par des alternatives végétales à base de champignons et en adoptant une agriculture locale et durable, pour minimiser son empreinte carbone. McDonald’s a vraiment su se réinventer en collaborant avec des start-ups spécialisées dans l’économie circulaire et en mettant en place un système de traçabilité transparent. Et dites-vous que les versions veggies dont je vous ai parlé représentent 40 % des ventes mondiales en 2050. Tout cela a été possible grâce à des consommateurs comme vous, qui ont exigé du changement. »
Alex croisa les bras, toujours un petit peu sceptique : « Mais comment est-ce qu’on peut te croire sur parole ? »
Noah esquissa un sourire malicieux et fouilla dans la poche de sa combinaison. Elle en sortit un petit appareil ressemblant à une tablette ultra-mince, qu’elle activa d’un simple effleurement. Une image en 3D s’afficha en l’air devant elles, montrant un McDonald’s du futur, avec ses fermes verticales et ses bioréacteurs, des écrans digitaux montrant des versions veggies du Big Mac et du Big Tasty.
« Waouh… » souffla Alex, stupéfaite.
Léa, fascinée, toucha du bout des doigts l’image holographique puis demanda : « On a quand même oublié une question importante : comment as-tu fait pour venir ? »
Noah laissa planer un silence avant de répondre, un sourire en coin : « Eh bien si vous avez vu le film Retour vers le futur, dites vous que ce n’est pas une voiture que j’ai utilisée… »