Avez-vous déjà vu la queue devant un Apple Store le jour de sortie du dernier iPhone ? C’est Disneyland ! Les consommateurs se ruent, les yeux grands ouverts, impatients d’acquérir le dernier jouet technologique d’Apple. Pourquoi cette frénésie ? Parce qu’il est nouveau, donc, il est forcément mieux !
Après l’ère du Fordisme et des 30 Glorieuses, qui ont favorisé la production rapide et en grande quantité, nous avons construit une société de surconsommation. Aujourd’hui, en quelques clics, nous avons accès à une multitude de nouveautés. Cependant, comment tendre vers la déconsommation après avoir construit notre quotidien sur l’hyper-stimulation ? Apple, symbole de cette tentation brûlante face aux nouveaux produits, soulève une question essentielle : « Cela vaut-il vraiment le coup ? »
L’attrait de la nouveauté : les marques à contre courant de la déconsommation
L’iPhone 16 ! Il est beau, il brille, et il existe dans de magnifiques coloris. Certains Français ont déjà craqué pour le nouveau modèle sorti par Apple en septembre dernier.
Aujourd’hui, un français lambda est exposé à environ 1200 messages publicitaires par jour, contre seulement 200 en 1980. Cette sur-stimulation est conçue pour inciter à l’achat, et c’est ce qu’a parfaitement compris Apple.
En combinant anticipation, intégration de produits, exclusivité et exploitation des émotions, la marque a réussi à établir un environnement où les consommateurs se sentent continuellement poussés à acheter les derniers produits. Mais qu’est-ce que le dernier iPhone propose réellement par rapport à la version précédente ? Si l’on examine attentivement les changements, on réalise qu’ils ne sont pas si flagrants.
Parmi les améliorations notables, on trouve une caméra optimisée avec un nouveau capteur pour une meilleure qualité d’image, un bouton d’action remplaçant le traditionnel interrupteur de son, et un nouveau processeur qui améliore les performances et l’efficacité énergétique. En termes de design, le modèle est légèrement plus fin et propose une nouvelle palette de couleurs.
Ce processus génère une forte attente avant les lancements, suscitant un désir d’appartenance exclusif chez les consommateurs. En ajoutant des fonctionnalités ou des améliorations mineures à chaque version, les marques instaurent un cycle de renouvellement perçu comme essentiel. Ainsi, les consommateurs justifient leur achat dernier cri. Apple a su créer un écosystème fermé, rendant le passage à une autre alternative difficile. Avez-vous déjà demandé à un détenteur d’iPhone de passer à un autre téléphone ? La réponse est sans appel : hors de question !
Les campagnes de marketing digital, amplifiées par des influenceurs, nourrissent cette culture de la nouveauté, jouant sur la validation sociale. Les utilisateurs se sentent valorisés et « tendance » en possédant les derniers produits. Alors, est-ce vraiment le but du marketing ? Pousser à consommer quoi qu’il en coûte ? Qu’en est-il du marketing durable ?
Marketing vert : illusion ou piste d’amélioration ?
Depuis les années 80, nous évoquons le concept de marketing vert, en parallèle à la montée des mouvements écologistes et à une prise de conscience croissante des questions environnementales. Existe-t-il vraiment un marketing vert, ou s’agit-il d’une nouvelle dénomination mensongère ?
Le marketing vert s’est développé pour inclure non seulement des pratiques plus responsables, mais aussi une communication plus transparente autour des impacts environnementaux des produits et services. Il vise à promouvoir des produits de manière respectueuse de l’environnement, tout en étant socialement responsable et économiquement viable à long terme.
Il ne faut pas confondre cela avec le greenwashing, qui consiste à mettre en avant des arguments écologiques pour se forger une image écoresponsable, alors que la réalité ne correspond pas ou pas suffisamment à la teneur des messages diffusés. Prenons l’exemple d’une publicité d’Apple nommée « Dame Nature » datant de 2023, qui met en avant leurs prévisions écologiques pour 2030 : élimination du plastique, électricité propre, matériaux recyclés, etc.
La vidéo se termine par la présentation d’une nouvelle montre « neutre en carbone ». Il est important de préciser qu’il est impossible, aujourd’hui, de fabriquer un produit totalement neutre en carbone ; on parle plutôt de production à empreinte carbone limitée.
Cependant, après avoir dressé une liste de leurs changements, Apple omet certains détails cruciaux. Des pratiques restent problématiques, comme l’obligation pour les centres de tri américains de détruire les appareils Apple dont les pièces pourraient être réutilisées. Cela, selon une enquête de Motherboard, met en lumière un aspect bien moins écoresponsable de la marque. En effet, ces destructions empêchent la réutilisation sur le marché de la seconde main, un véritable coup porté à l’écologie. De plus, il n’y a pas de reconditionnement pour les smartphones, ajoutant une belle obsolescence programmée qui pousse à l’achat du dernier modèle. Il y a de quoi en tomber dans les pommes !
Heureusement, certaines marques responsables et économiquement viables, comme Veja, ont prouvé qu’une nouvelle forme de consommation est possible. Cette marque de chaussures trendy, que l’on retrouve en ligne ou chez certains distributeurs physiques, s’est fait connaître sans allouer de budget à la publicité. En choisissant de réorienter leur budget communication vers de meilleurs matériaux et de meilleures conditions de travail, Veja démontre qu’il est possible d’allier éthique et succès commercial.
Comment ont-ils réussi à convaincre les consommateurs ? Tout simplement en proposant des modèles minimalistes, en phase avec les tendances actuelles de la mode tout en respectant l’environnement et les valeurs humaines tout au long de leur processus de fabrication.
N’oublions pas que le marketing peut également servir des causes durables, notamment pour des associations, des entreprises à but non lucratif ou des entreprises sociales.
Si l’on souhaite aller plus loin dans le processus écologique, nous pouvons nous pencher sur le principe de la déconsommation.
La déconsommation : une alternative viable ?
Depuis une vingtaine d’années, nous faisons face à un nouveau concept : la déconsommation. Aujourd’hui, la consommation par habitant est trois fois plus élevée qu’en 1950, selon l’INSEE. Alors, qu’est-ce que la déconsommation ? C’est simplement le fait de réduire volontairement sa consommation de biens et de services pour limiter les impacts environnementaux, sociaux et économiques. Cela implique un choix réfléchi, dans une optique de durabilité.
Près de neuf français sur dix aimeraient vivre dans une société où la consommation prendrait moins de place, selon le baromètre réalisé en 2019 par Greenflex et l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie). En effet, il nous faudrait « 1,7 terre » pour régénérer ce que l’humanité consomme aujourd’hui, selon le Global Footprint Network.
Cependant, avec les nouveaux géants du low-cost tels que Temu ou Shein, la réflexion ne se limite plus à « ai-je vraiment besoin de cet article ? » mais se réduit à « vu le prix, je ne prends aucun risque ». Avec des prix si attractifs, nous perdons souvent de vue l’utilité du produit, nous concentrant uniquement sur le rapport qualité/prix. Ne vous êtes-vous jamais dit : « Pour 2 €, au pire, ça ne coûte rien » ? Et cet article finit alors au fond du placard pendant des années avant de terminer à la benne après une tentative infructueuse de vente sur Vinted ou lors d’un vide-grenier. C’est ce que dénonce la nouvelle génération sur Tiktok notamment avec le #underconsuption core.
À ce stade, il est important de se poser la question suivante : est-il possible de déconsommer à l’échelle individuelle mais aussi à l’échelle des distributeurs ? La réponse est oui !
Comment parler de déconsommation sans évoquer Patagonia, cette marque de vêtements et d’équipements de plein air réputée pour ses produits de haute qualité ? Leur campagne « Don’t buy this jacket » encourage à ne pas surconsommer, à réparer, réutiliser ou recycler avant de passer à l’achat. Ils affichent leur mission : « We’re in business to save our home planet ». La marque est très transparente quant à ses pratiques et ses impacts environnementaux, communiquant ouvertement sur ses progrès et défis, notamment en matière de matériaux et de conditions de travail.
Il est impossible de ne plus consommer ; nous avons des besoins, et il est crucial de pouvoir y répondre. Toutefois, il n’est pas nécessaire de surconsommer. La vraie question est de nous interroger sur la nécessité de nos achats quotidiens. Les produits sont de moins en moins chers et les productions de plus en plus intensives. Il fut un temps où il n’y avait qu’une seule collection vestimentaire par saison…
Ce n’est pas parce qu’un produit est « pas cher », « qu’il vaut le coup » ou qu’il est en solde qu’il faut l’acheter. Il en va de même pour le dernier iPhone. Dans cette démarche de surconsommation, il sera déjà obsolète l’année prochaine. Il est essentiel de conscientiser les achats que nous avons banalisés aujourd’hui, car nous allons le payer cher, et nous sommes déjà en train de rédiger l’addition.
Déconsommation, que retenons-nous ?
En conclusion, il est impératif de repenser notre rapport à la consommation. Les marques jouent un rôle crucial, tant dans leurs pratiques que dans leur communication. Le défi qui nous attend est de réinventer notre manière de consommer, en intégrant des valeurs durables et responsables. Ainsi, en choisissant judicieusement, nous pouvons contribuer à un avenir où la consommation ne rime pas avec surconsommation, mais avec respect et durabilité.
Il est temps d’adopter une approche réfléchie face à nos achats, car chaque choix compte.
Ensemble, faisons le choix d’un avenir plus durable et conscient !
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