Le snowfarming est une méthode innovante qui consiste à stocker la neige en fin de saison pour la réutiliser l’année suivante, permettant ainsi de garantir une ouverture précoce des pistes de ski. Si cette technique, venue des pays scandinaves, est déjà bien implantée dans certaines stations nordiques, elle reste encore marginale en France, malgré son potentiel pour répondre aux défis du réchauffement climatique et de la gestion de l’eau. Néanmoins, elle soulève des débats, notamment sur son impact environnemental et ses limites en termes de durabilité. Ce procédé pourrait-il offrir une réponse aux enjeux du tourisme de montagne en France ?

Le snowfarming est une technique développée dans les pays scandinaves, notamment en Suède et en Norvège, où les stations de ski nordiques l’ont adoptée depuis plusieurs années pour prolonger la saison touristique et répondre à la demande des athlètes cherchant à s’entraîner sur des pistes enneigées avant l’arrivée des premières neiges naturelles. En France, cette pratique est encore peu répandue, mais certaines stations pionnières, comme celles de Bessans, des Saisies ou du Grand-Bornand, commencent à l’expérimenter. Par exemple, à Bessans, dans la Haute-Maurienne, on a recours au snowfarming depuis 2018, stockant jusqu’à 16 500 m³ de neige chaque année pour permettre une ouverture précoce de 3 à 4 km de pistes de ski nordique dès novembre.
L’objectif principal est d’attirer non seulement des skieurs et des vacanciers hâtifs, mais aussi des équipes sportives (notamment en biathlon) et des clubs d’entraînement, qui privilégient les stations offrant un enneigement garanti en début de saison. Dans ce contexte, le snowfarming devient un outil stratégique pour la compétitivité des stations.

Le Snowfarming une solution durable pour les stations de ski.
Le snowfarming semble répondre à plusieurs préoccupations liées au réchauffement climatique et à la gestion des ressources naturelles en montagne. D’une part, il permet de réduire l’empreinte carbone liée au transport des skieurs en permettant une ouverture précoce des pistes locales, sans avoir à recourir à des solutions coûteuses en énergies et en ressources comme les canons à neige. En évitant les déplacements massifs vers des destinations plus lointaines, notamment en Europe de l’Est ou en Scandinavie, le snowfarming contribue à réduire les émissions de CO2 associées aux voyages longue distance.
D’autre part, en réutilisant la neige produite et stockée d’une année sur l’autre, cette pratique semble également répondre à l’enjeu de l’optimisation des ressources en eau, une question de plus en plus cruciale dans un contexte de pénurie et de stress hydrique croissants dans les Alpes. Le snowfarming pourrait donc offrir une solution pour maximiser l’utilisation de la neige et ainsi réduire la pression sur les ressources en eau utilisées pour produire de la neige de culture. Ce type de gestion des ressources apparaît comme un modèle intéressant de recyclage et de réutilisation, en parfaite adéquation avec les principes de l’économie circulaire.
De plus, en offrant la possibilité d’ouvrir les stations plus tôt, cette méthode permet de diversifier l’activité touristique en montagne, ce qui peut aider les stations à mieux amortir les coûts d’exploitation et à attirer une clientèle en dehors des périodes de haute saison, souvent concentrées sur les vacances scolaires. Ce modèle de gestion pourrait ainsi soutenir les économies locales en générant des revenus supplémentaires, en particulier grâce aux clubs sportifs et aux événements de pré-saison.

Ou une menace pour l’environnement ?
Malgré ses avantages apparents, le snowfarming fait face à de vives critiques, particulièrement de la part des associations environnementales. Celles-ci soulignent plusieurs impacts potentiellement négatifs de cette pratique, notamment en ce qui concerne la pression sur les ressources en eau. Pour produire la neige à stocker, il est nécessaire d’utiliser de grandes quantités d’eau, principalement issue des réservoirs d’eau douce. En période de sécheresse, cette consommation d’eau devient problématique, d’autant plus que la neige est ensuite stockée sur des sites en plein air, où une grande partie de l’humidité s’évapore et la neige fond naturellement.
De plus, l’empreinte énergétique liée à la production et au transport de la neige est loin d’être négligeable. En effet, bien que le transport de la neige d’un point à un autre sur les pistes semble être un impact marginal, il reste une consommation d’énergie importante, notamment pour les camions qui acheminent la neige des zones de stockage jusqu’aux pistes.
Enfin, les conséquences écologiques de l’entreposage de la neige à l’extérieur sont également mises en question. Le sol où la neige est stockée devient extrêmement compacté, ce qui affecte la faune et la flore locales, perturbant ainsi les écosystèmes montagnards.

Pas la solution miracle, mais un bon pas vers l’adaptation.
Le snowfarming est une pratique qui, tout en offrant des avantages significatifs pour les stations de ski en termes d’ouverture précoce des pistes et de gestion des ressources en eau, soulève de nombreuses interrogations sur ses impacts à long terme. Si cette technique permet d’augmenter la compétitivité des stations françaises face à la montée des températures, elle s’inscrit dans un modèle qui interroge sur l’avenir du tourisme en montagne à l’ère du changement climatique.
Il est donc crucial d’engager une réflexion approfondie sur les limites de cette pratique et sur les alternatives plus durables qui peuvent voir le jour, notamment par des investissements dans des infrastructures moins dépendantes de la neige artificielle et en mettant l’accent sur des solutions plus respectueuses de l’environnement. Le snowfarming n’est pas une solution miracle, mais pourrait constituer une étape transitoire dans l’adaptation des stations face à un climat en évolution, à condition de repenser son utilisation pour en limiter les effets secondaires.
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