6 500 MORTS : L’ESPOIR D’UNE VIE MEILLEURE RÉDUITE À LA MORT

Le Qatar, ce sont 2 millions d’étrangers installés qui constitue cette population internationale aujourd’hui en 2022. Pays reconnu pour ses opérations de prestige, il a été chargé de l’organisation  d’un événement mondial, à savoir : la coupe du monde de football 2022. Entre luxe et sport, des conséquences dramatiques viennent heurter les populations défavorisées. Jusqu’où le Qatar sera-t-il prêt à aller pour rendre cet événement prestigieux ? Et à quel prix ? Quelques jours avant le début de la coupe du monde, le monde entier dévoile la vérité sur l’organisation de cet événement.

Pour organiser un événement tel que la coupe du monde de football, le pays  n’a pas hésiter à faire appel à des mains d’œuvre étrangères. En amont de cet événement, le Qatar comptait déjà en 2014, de nombreux travailleurs immigrés. Ces derniers auraient envoyé plus de 10,7 milliards d’euros dans leur pays selon le gouvernement qatari. 

LES RÉVÉLATIONS DE CET ESCLAVAGE MODERNE

Les ouvriers de la coupe du monde, dédiés à construire le stade Khalifa (stade de la coupe du monde de football 2022), sont sous le régime politique de la Kafala. Ce régime est un système juridique qui exige qu’un ouvrier étranger est placé sous la responsabilité de leur « parrain » pour que celui-ci soit autorisé à travailler pour son employeur. Les travailleurs étrangers représentent 90 % de la population active du pays. Le système juridique du pays met à disposition un maximum de lois lui permettant ainsi d’avoir un contrôle absolu sur sa population locale et étrangère. 

En ce qui concerne le cas des ouvriers étrangers pour le stade de la coupe du monde, ces derniers ont obligation de donner leur passeport à leur employeur afin de pouvoir travailler. Une fois le passeport fournit à l’employeur, l’employé ne le reverra jamais. Il est donc clair que les employeurs exercent une pression transmise par le chantage envers leurs employés. Un chantage de travail contre passeport et rémunération, qui ni l’un ni l’autre ne sera attribué à l’employé.

Parmi tous les immigrés qui travaillent sur le chantier du stade Khalifa à Doha, 88 ont affirmé ne pas avoir le droit de quitter le Qatar pour cause de retrait de passeport. En exemple, certains d’entre eux ont tenu à souligner que lors des tremblements de terre d’avril à mai 2015 au Népal, 7 d’entre eux n’ont pas pu rentrer au pays. Ils avaient obligation de continuer le chantier. Tout devait être parfait pour le jour du lancement de la coupe du monde. Le prestige devait régner peu importe le prix à payer.

En apprenant plusieurs de ces pratiques douteuses du gouvernement du qatari, plusieurs associations se sont mobilisées dans le but de faire bouger les choses. Les organisations de défenses des droits humains et la CSI (comité sportif et international) ont dénoncé ce système comparé à une forme d’esclavage moderne. 

La secrétaire générale de la CSI, Madame Sharan Burrow, a mis en alerte le monde de ses inquiétudes : « D’ici au coup d’envoi de la coupe du monde, plus de sept mille travailleurs immigrés pourraient avoir trouvé la mort. ». 

Une phrase lourde de sens dont le Qatar s’est empressé de s’innocenter. Le gouvernement qatarien a affirmé qu’il n’était pas le seul pays qui avait causé la mort de certains de ses ouvriers liés aux infrastructures de la coupe du monde. Pour autant, plusieurs ambassades dont l’Inde, le Bangladesh, et le Népal ont décompté au moins 900 décès au cours des années 2013 à 2015. La moitié de ces morts étaient simplement expliquées par une mort survenue de manière subite, inconnue, ou lié à une crise cardiaque.  

Comment expliquer le nombre de morts liés à cause de cette coupe du monde ? Que s’est-il réellement passé sur ces chantiers ? 

ZOOM SUR DES CONDITIONS DE TRAVAIL : AU PÉRIL DE LA VIE

La grandeur des chantiers publics est la cause majeure de l’augmentation des morts. Ces chantiers ont démontré leurs lots d’accident en plus d’un système d’esclavage moderne entre les employeurs et employés. 

Les conditions de vie des employés sont misérables. Vous voici dans la peau d’un immigré qui travaille sur les chantiers de la coupe du monde avec pour seul objectif d’envoyer de l’argent à sa famille dans son pays d’origine : vous vivez dans des camps de travailleurs. Ces derniers ont des allures de bidonville. Vous devez partager votre espace de vie avec 8 autres personnes dans un dortoir de 9 mètres carrés. Les lits sont superposés pour que chacun puisse dormir dans ces 9 mètres carrés qui semble, aux yeux du gouvernement qatarien, des bonnes conditions de travail. Après une journée de travail de 13 heures par jour, vous retrouvez votre matelas sale et usé. Vous devez travailler en hiver comme en été. Parfois, la température dépasse les 50 degrés et pourtant, vous continuez le chantier. Vous n’avez pas le choix. 

En plus de conditions de travail misérables, vous avez interdiction de pratiquer quelconque loisir. Tous les travailleurs immigrés, comme vous, ne peuvent pas avoir accès aux loisirs sous prétexte que ce sont des zones classées « zone familiale ». Vous êtes donc limité et contrôler dans vos mouvements. Vous n’avez plus de liberté. 

À la fin de vos journées de travail, vous vous « reposez » dans ces 9 mètres carrés en compagnie de 8 autres immigrés qui sont là pour les mêmes raisons que vous : offrir une vie meilleure à votre famille en envoyant de l’argent au pays. Vous êtes indien ou népalais, le temps passe, vous faites des journées épuisantes de 6 jours par semaine et vous vous rendez compte que vous n’êtes pas payé. Vous faites ça gratuitement. Vous prenez conscience que vous êtes un esclave moderne.

Mais vous ne pouvez pas partir. Ils ont votre passeport qui est votre seul moyen pour quitter le Qatar. Vous n’avez pas d’argent et vous n’êtes pas rémunéré. De plus, il vous faut l’accord de votre employeur pour changer d’employeur et espérer un avenir meilleur. Vous ne pouvez donc pas quitter votre emploi malgré le fait que vos conditions de travail soit inhumaine et que vous soyez payé en retard voir jamais. Vous ne pouvez rien faire, vous avez donc nulle part où aller. 

Vous n’êtes pas un travailleur immigré. Vous ne construisez pas le stade de la coupe du monde. Vous êtes spectateur de la coupe du monde. Vous n’êtes pas responsable de ce massacre, les organisateurs de la coupe du monde, eux, oui. Ils savaient à qui ils confiaient la coupe du monde 2022. 

Ils sont 6 500. Au Qatar, il y a 6 500 personnes qui ont perdu la vie pour construire un stade sportif. Ils l’ont fait sous la menace, dans des conditions misérables et ils y ont laissé leur vie.